samedi 4 juin 2016

L'appel de Cthulhu - Terreur sur l'Orient Express - CR 10

18 janvier 1923

Je ne sais pas comment aborder la suite de notre aventure. Ce qui suis est des plus étranges, encore plus que tout ce que l'on a vécu jusqu'ici. Peut-être avons nous été drogué, subit un contre-coût des jours passés. Ce qui suis s'est-il en fait réellement produit ? Un rêve, un cauchemar, ça aurai pu être une bonne explication si je l'avais fait seule. Mais nous avons tous vécu la même chose.

Mon dernier souvenir normal remonte au moment où je me suis couché, mon dernier regard vers ma montre : 3h12. Je me suis endormi assez vite. Mais un bruit me réveille assez vite, comme si je venait tout juste de sombrer dans le sommeil, à peine quelques minutes. Des miaulements de chat résonnent dans mon esprit, ainsi qu'une cloche. J'ouvre les yeux et je suis debout, habillée, ma valise à la main. Mes amis sont là aussi, mais Randolph Alexi brille par son absence, de même que la valise dans laquelle nous avons caché le bras du simulacre. Nous sommes dans la rue d'une cité qui s'étend ressemble à un mélange d'architecture grec et romaine. Au bout de la rue, un bâtiment nous rappel une gare anglaise, certains aspect nous faisant penser à Charing Cross ou King Cross. De nombreux félins s'y dirige vivement alors que la cloche sonne de plus en plus vite, annonçant l'arrivée d'un train peut-être. Nous suivons le groupe de chat, qui nous toisent comme seul ces boules de poils savent le faire, avec un air hautain et dédaigneux. Chose étrange, le quai de gare est divisé en deux zones, l'une pour les humains et l'autre pour les chats. D'ailleurs, les humains ici sont vêtu de façon étrange, orientale, médiévale, baroque. Devant nous, il n'y a pas de rails mais une plaine verdoyante à perte de vue en lieu et place des traverses. Le ciel est bleu, quelques nuages, un soleil resplendissant.

Nous rejoignons un groupe de personnes qui nous semble plus normale, vêtu comme nous, un gros moustachu roux, une vieille femme à l'air sévère et un grand échalas dans un manteau de fourrure. Sorti de nul part, un homme s'approche de nous, vêtu d'un uniforme rappelant celui des employés de l'orient express mais au visage couvert d'un masque de céramique blanche, ne laissant visible que ces yeux. Ils nous tend des billets pour ''l'onirique express'' et nous demande de reculer un peu, le train entrant en gare. Le billet nous permet d'aller jusqu'au terminus de la ligne, ''vers le pays de l'espoir après la ville d'or''.

Nous ressentons une impression étrange, comme si, malgré l'étrangeté de la situation, une part de nous trouvant cela presque normal. Dans mon cas, et si tout ceci est vrai, cela démontre que ma conviction qu'il y a un ''ailleurs'', un autre monde quelque part, est juste.

Le fameux train entre enfin en gare. Enfin, train n'est pas du tout le mot juste. Arrive au bord du quai une sorte d'insecte rampant, comme un mille-pattes géant, de près de 100m de long et sur le dos duquel sont perchées des pavillons, des sortes de maisons reliées entre elle par des passerelles. Le gros roux, voyant notre stupeur, se présente : Mack McKenzie. Il comprend notre étonnement et que nous venons ici pour la première fois. Il nous invite à monter pour rejoindre nos compartiments, tandis que des hordes de chats montent et descendent du train, qui quitte bientôt la gare d'Ulthar, comme nous l'apprendrons bientôt.

McKenzie nous invite à prendre un verre au salon. Je pense qu'un remontant ne sera pas superflu. Tout dans ce train est luxueux, bien au-delà de l'orient express. Et surtout, l’intérieur est bien plus vaste que l’extérieur.

C'est en sirotant le meilleur thé qu'il m’ait été donné de boire que McKenzie nous questionne sur notre présence ici. Très vite nous apprenons que nous nous trouvons dans un monde nommé les contrées du rêves, monde accessible par la méditation, les drogues et une grande force de volonté, un monde où l'on entre volontairement. Il est bien étonné d'apprendre que nous y sommes par hasard. Selon lui, Henry, le chef du train au masque de céramique pourra nous en dire plus. Dans ce monde, les rêves deviennent réalité, mais aussi cauchemar. Ici sont agglutinés les rêves de tout le monde, de toutes les époques et même d'autres univers. Et ceux qui prennent ce train le font pour une bonne raison : aller jeter un objet symbolisant ce qui nous préoccupe dans le golfe de Nodens.

Laissant les hommes avec McKenzie, Clara et moi faisons connaissance avec Mme Bruja, la vieille dame acariâtre. Effectivement, passer du temps avec elle est plus éprouvant qu'une visite chez le dentiste. Elle ne tolère rien et surtout pas les hommes, se refuse à toute distraction ou sourire. Ses propos deviennent de plus en plus incohérent ce qui nous pousse à la laisser pour aller explorer le reste du train.

Nous arrivons devant une porte menant au wagon des chats. Dés que je tente d'y entrer pour y mettre en sécurité un petit chaton noir, des tentacules apparaissent et me repoussent. Cette vision met Clara dans un état fébrile pendant quelques minutes. Décidant de faire demi-tour, nous rejoignons nos compartiments non sans avoir convié Quentin, Jeremy et Auguste afin de faire le point sur ce qui se passe. Mais a discussion attendra puisque Henry nous attend.

Dans la discussion qui s'en suis, Henry nous explique que ce train est sa création, qu'il l'a construite à l'image de l'orient express à bord duquel il semble avoir travaillé. Puis il aborde le sujet de notre arrivée, lui aussi surpris du coté involontaire de notre venue dans les contrées du rêve. Puis il nous explique la fonction de l'onirique express : emmener les voyageurs pour un trajet unique vers le golfe de Nodens à l’extrême sud du continent. La coutume veux que quiconque y jette un objet représentant ses soucis en sera débarrassé. A nos questions il répond patiemment. Il ne connaît pas Randolph Alexi et pense que ce dernier était prisonnier dans des sortes de limbes à l'écart de l'espace et du temps. Notre passage bref dans ces limbes pourrait expliquer que nos esprit se sont ouvert aux contrées du rêve. Henry nous laisse finalement non sans nous convier à un banquet le soir même dans le wagon salon.

La soirée est étonnante. Après un passage aux bains, où la pudeur n'est pas de mise, nous festoyons de mets aux saveurs inconnues. Nous nous rendons aussi compte que nous sommes suivi par le petit chaton noir que nous avons croisé plus tôt dans la journée et qui selon Henry répond au nom de Blackjack. Nous croisons aussi le grand maigre au manteau de fourrure, un certain Karakoff, un marchand d'armes. Puis une fois de repas terminé, le train s’arrête dans la sombre cité de Dylath-Leen, cité de basalte noir, riche mais peuplée de voleurs et d'assassins voir pire encore. McKenzie nous déconseille de sortir de la gare, voir du train.

La curiosité nous pousse tout de même à nous dégourdir les jambes sur le quai. De là nous assistons à l'arrivée de plusieurs personnes singulières. Tout d'abord un homme élégant, au style vestimentaire du XVIII, mais aux yeux entièrement jaune et sans pupille. Il se présente comme négociant en vin du nom de Mironim Mer.

Arrive ensuite, accompagnée d'une fanfare, un groupe de personnes au regards hautain, dont une femme aborde tout de même Jéremy. Elle se nomme Dulce, n'est pas enthousiasme à l'idée de voyager dans un train de seconde zone comme celui-ci, mais trouve notre ami suffisamment intéressant pour espérer s'amuser ce soir. Elle vient de Sarnath pour une rencontre diplomatique avec les représentants de Yb. Dulce et l'une de ses amis donne rendez-vous à Jéremy aux bains.

Viennent ensuite la délégation de Yb, des silhouette humanoïdes dont la démarche nous en fait douter, toute encapuchonnées et dégageant une puanteur atroce. Ils montent dans un compartiment spécial qui leur est destiné afin de ne pas gêner les autres passagers.

Alors que le train démarre, une jeune femme courant à toute allure pour ne pas rater l'express nous demande de l'aide, que lui apporte Jeremy. Une fois à bord, elle se présente, Suza, et a tout d'une bohémienne. Avec un sourire, elle remercie son sauveur et lui promet une danse, un peu plus tard. Décidément, il les attire toutes. D'ailleurs, alors que je retourne à mon compartiment, croisant un Karakoff fou de colère à cause du bruit que nous faisons, Jérémy rejoins Dulce aux bains où visiblement il passe une très bonne soirée.

Une fois couchée et endormie, je ressent une présence près de moi, mon esprit à mi-chemin entre le rêve et l'éveil. Une odeur de pourriture m'agresse les narines, une voix inaudible me murmure à l'oreille et une main me caresse la joue. Je force mon esprit à me tirer de cet état de semi-conscience et me redresse sur ma couchette de l'Orient Express. Une brume flotte dans la pièce avant de s'évanouir en quelques secondes. Tout ceci ressemble aux sensations ressentie à l'asile et à Poissy. Je me dépêche de réveiller mes compagnons, que je sors très difficilement des bras de Morphée. Selon ma montre, il nous reste moins d'une demi-heure avant notre arrivée à Lausanne. Nous n'avons dormi que 2h, et pourtant j'ai l'impression d'être en forme, pas fatiguée du tout.

Nous reprenons nos esprits, discutons de notre étrange expérience, rassemblons nos affaires, près à descendre du train.

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