Voici donc la campagne du point de vu de mon perso, par le biais de son journal au jour le jour.
2 janvier 1923
Le quai est
sombre, peu éclairé, envahit de brume. Autour de moi, je ne
distingue que des silhouettes floues. J'ai froid. Je ne sais pas
depuis combien de temps j’attends ce train. Une cloche se met à
sonner, au loin, on commence à entendre le vrombissement de la
locomotive. Je m'approche du quai, mais je ne sais pas, il y a
quelque chose qui me chiffonne, la machine n'a pas l'air de ralentir.
Le phare avant perce petit à petit les brumes, le sifflet alerte les
voyageurs de l'approche du train. Mais celui-ci ne ralentis pas et
passe en trombe, son sifflet me perce les tympans. L'air brassé par
la locomotive passant à toute vitesse me repousse sur le quai. Je
n'ai que le temps de jeter un œil à l'unique lumière filtrant de
la vitre du dernier wagon. J'ai l'impression qu'il n'y a qu'un seul
passager à ce train fou, un homme dont je distingue à peine le
visage hurlant collé à la vitre. La brume et les volutes de vapeur
du train m'entoure et je ne distingue plus rien.
Seul le bruit des freins
crissant me réveillent en sursaut. J'ai du somnoler quelques
minutes. Le trajet n'était pas si long que ça depuis Londres, mais
je me suis laissé bercé par le tangage du train, sans doute.
Sur le quai, je retrouve
Clara, la jeune infirmière que j'ai déjà croisé à plusieurs
reprise lors de conférences d'anthropologie. Je l'ai vu passé sur
le quai juste avant le départ sans avoir le temps de l'interpeller.
Je savais qu'elle aussi se rendait au manoir Carrington, à la soirée
de Lady Camélia. D'ailleurs une voiture nous attend. La soirée
promet d'être … spéciale. L'un des invités promet des preuves
évidente de l'existence des fantômes. C'est la marotte de Camilia.
Elle m'a d’ailleurs sollicité pour une séance de spiritisme, afin
de contacter son défunt mari.
A mon arrivée, je suis
heureuse d'y voir le Pr Julius Smith, ce vieux bourlingueur, ainsi
que mon amie Olivia Saint-Clair. Il y a aussi son frère, Jeremy. Il
ne m'aime pas trop, tellement cartésien. Il y a aussi un artiste
allemand, Auguste Oppenheim qui bénéficie du mécénat de Mr
Saint-Clair. J'y croise aussi ce fonctionnaire, Quentin Mc Allister
qui n'a pas vraiment l'air à sa place ici. Enfin, le grand médium
Alfred Berryman, celui qui a des preuves incontestables sur l'après
vie. Lady Camilia est égale à elle même : cette femme de 70
ans, maigre et maquillée à outrance, nous accueille dans une robe
digne d'une reine égyptienne.
Bon, la conférence de
Berryman est exactement ce à quoi je m'attendais, un ramassis de
stéréotypes, de poncifs, et ses photos, tout juste des volutes de
fumées, une belle supercherie. Je m'en lasse assez vite.
Finalement, face à une
audience mitigée, lady Camilia propose que je mène une séance de
spiritisme. Je lui ai promis, bien que cela fasse déjà plusieurs
années que je ne fais plus dans le grand spectacle.
Je propose donc que ceux
qui le veulent participent à la séance. Olivia s'est bien sur
portée volontaire, ainsi que Clara, poussée par la curiosité. Lady
Camilia bien sur. Auguste, l'artiste allemand sera des nôtres. Je ne
peux m’empêcher de voir les regards désapprobateurs lancés par
Jeremy à sa jeune sœur. Quel rabat-joie. Juste avant de commencer,
Alfred Berryman viens me dire qu'il ne voulais pas que son ''fluide''
vienne troubler ma tentative de communiquer avec les morts. C'est
ça !
Afin de prouver à
l'audience que je ne fais pas dans les guéridons volants, nous
sommes resté debout autour de la table dont j'ai retiré la nappe,
afin que le dessous soit bien visible. J'ai tracé un cercle de sel
sur la table, dans lequel sera cantonné l'esprit contacté. Il
arrive que celui qui se manifeste ne soit pas le bon, dans ce cas je
devrais vite le congédier et briser le cercle de sel. Une fois
allumé la chandelle au milieu de la table, nous commençons. Chacun
de nous empoigne les mains de ses voisins, ferme les yeux tout en ce
concentrant sur la flamme de la bougie. Et puis je commence à ouvrir
mon esprit :
Lord Antony Beltram
Carrington,
où que tu sois,
je fais appel à toi.
Sur les ailes de ces mots
qui se déplacent,
quelle que soit la
distance,
traverse le temps et
l'espace, et apparais en ma présence.
Toi qui vécut hier, je
t’appelle d'esprit à esprit,
reviens de l'ombre vers la
lumière,
et manifeste-toi ici.
J'ai tout de suite senti
que quelque chose n'allait pas. La température chute dans la pièce,
les observateurs l'ont senti aussi, ils en ont retenu leur
respiration. Et une voix s’élève, grave. Je ne comprends pas tout
de suite qu'elle sort de la bouche d'Olivia. Je ne me sent pas bien.
D'habitude je ne ressent pas cette peur qui m'a prise d'un coup. Et
Olivia qui continue de parler :''Je ne suis pas mort, Portos, tu
dois m'aider, je ne suis pas loin, je suis juste à coté …''.
Je balaye la table de la
main, éparpillant du sel partout, fauchant la chandelle qui s’éteint
en tombant de la table, rompant le contact psychique.
Mais Olivia est toujours
en transe. Et sortant de nulle part, un essaim de mouches et
d'insecte jaillit de sa bouche et du moindre recoin de la salle.
J'entend crié, la panique à touchée l'assemblée. Moi même je me
lève pour sortir de la pièce, sous le choc. Le grand spécialiste
des spectres, Berryman a fuit la maison le premier, le pantalon
trempé de ''son fluide''.
Puis le calme est
revenu. Jeremy et Quentin se sont porté au secoure d'Olivia qui a
fini par s’effondrer, inconsciente. Une fois la tension retombée,
Quentin déclare que le Pr Smith a été très choqué par les mots
sortis de la bouche d'Olivia et avait lui aussi quitté la maison,
accompagné de Memeth Makryat, son élève turc. J'ai fini par aller
me coucher, sous le poids des regards médusés des rares invités à
être resté. Olivia, selon Clara, est en état de choc, elle lui a
administré un sédatif pour l'aider à dormir.
Naturellement je n'ai
pas beaucoup dormi, les sens à l’affût. Ce que j'ai contacté
n'est pas Lord Carrington, mais je ne sais pas qui c'était. Et
surtout, j'ai senti une certaine malignité dans cette chose.
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